27 janvier 2010

Volaille de Bresse, synonyme de volupté

La poésie française consacre également la sensualité de la nourriture.

Gabriel Vicaire (1848-1900) :
La poularde
Naïve enfant de la Bresse,

Être honnête et succulent,
Qui t’enveloppes d’un blanc
Justaucorps de fine graisse,
Cousine des hommes gras
Dont notre pays fourmille,
On t’aime dans la famille,
Nous ne sommes point ingrats.
Ta respectable bedaine
Semble celle d’un gourmet.
Ta chair a comme un fumet
D’amourette et de fredaine.
Sur la fin d’un bon repas,
Quand je te vois apparaître,
pommard aidant, je crois être
transporté là-bas, là-bas.
Grands prés couleur d’émeraudes,
Bois feuillus, petits étangs,
Laboureurs du bon vieux temps,
Fortes mangeuses de gaudes,
Sous mes regards attendris
Tout le cher pays défile.
Quel air de bonheur tranquille !
Suis-je assez loin de Paris !
Puis, veux-tu que je te dise ?
J’ai (dame ! on n’est pas de bois)
Pour tes beaux yeux fait cent fois
Le péché de gourmandise ;
Dût mon curé m’en blâmer,
Jusqu’à mon heure dernière,
Ô poularde printanière,
Je me consacre à t’aimer !


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